Le cauchemar

Nous étions acculés de toute part:

D’immenses serpents aux crocs acérés grimpaient de plus en plus haut et semblaient de plus en plus nombreux.

Autour de nous, un océan de sang qui s’étendait à l’infini nous laissait démunis, sans l’ombre d’une échappatoire… sans l’ombre d’un espoir.

C’est alors que je les vis: d’immenses créatures squelettiques, tels des dinosaures d’antan qui s’élançaient vers nous ! Le bruit de leurs os qui s’entrechoquaient était effrayant et la taille de leurs mâchoires béantes me glaçait le sang.

Mes aboiements devinrent des hurlements à la mort puis des  glapissements, je nous voyais perdus et me reculais du bord, vaincu.

« Bats-toi Choco ! Bats-toi ! Allez ! Debout Choco ! Bats-toi ! »

Loedi hurlait tout en donnant des coups d’épée à n’en plus finir. Le moindre bout de    langue, de croc ou de chair… elle n’hésitait pas et sa lame tranchait.

L’animal blessé se reculait le temps pour elle d’en affronter un autre… mais il revenait inlassablement à l’attaque.

Je reprenais courage et me relevais. Nous ne gagnerons peut-être pas mais nous ne leur donnerons pas le plaisir d’une victoire facile, nous nous battrons jusqu’au bout, en héros !

Et qui sait… si les Dieux sont avec nous… nous gagnerons !

« Choco ! Choco… debout Choco ! »

J’ouvrais les yeux…

Les derniers touristes avaient quitté la salle, le musée allait bientôt fermer et Loedi venait de finir son dessin. Ce n’était qu’un cauchemar… un horrible cauchemar…

 

Mais où sont passées les aiguilles ?

« Les allers et venues des trains se sont tues. Il y a bien longtemps qu’un voyageur n’a pas levé ses yeux vers mes aiguilles alors…. À quoi bon les garder ?

Pourquoi et pour qui devrais-je continuer à donner l’heure ?

Non, non… ici le temps s’est arrêté et mes aiguilles ne sont que le souvenir d’un temps perdu à jamais. Autant les oublier elles aussi.

Aujourd’hui, les visiteurs ont remplacé les voyageurs et au lieu de courir après le temps, ils viennent en perdre la notion en déambulant d’une sculpture à l’autre.

Non, non… mieux vaut-il les laisser dans cette bulle hors du temps et ne pas les déranger. Le tic-tac incessant des pendules de la vie les rattrapera bien assez tôt. »

Extrait d’une conversation entre Loedi et l’une des horloges du musée d’Orsay.

Mais où est passée Loedi ?

Une cabane de berger en pierre sèches avec une couverture de laine en guise de porte… un petit poêle à bois auprès duquel Choco et Loedi se réchauffent et préparent leur repas, un duvet à même le sol… et c’est tout.

Ce matin, les rayons du soleil sont restés cachés derrière un océan de nuages. Le vent se déchaîne et les collines se retrouvent bientôt enveloppées d’un manteau cotonneux et blanc.

C’est alors que tombent les premiers flocons. Timidement au début, ils laissent rapidement la place à une véritable tempête de neige.

Loedi sort dehors et accueille le vent, la neige, la tempête. Elle reçoit en elle toute cette énergie, cette force sauvage qui emporte avec elle toutes les blessures passées et l’imprègne d’une force nouvelle.

Revigorée, l’âme apaisée et réconfortée, Loedi ressent à nouveau dans chaque parcelle de son être combien la vie est belle…

Au pays des cèdres

Beaucoup vous diront que c’est un petit pays mais il n’en est rien.

Si seulement ils avaient pris la mesure au rythme de leurs pas… ils ne vous auraient plus dit la même chose.

Bienvenue au Liban !

Venez, je vous emmène marcher avec Loedi et P’tit Jo au cœur des montagnes !

Nous suivrons les marques pourpres et blanches du « Lebanese Mountain Trail » (L.M.T.), le premier chemin de grande randonnée au Liban.

Pourquoi la couleur pourpre ? Car le pourpre de Tyr (ville côtière au sud du Liban) est une teinture rouge violacée fabriquée à partir de mollusques, dont l’invention est attribuée aux Phéniciens.

La tente dans le sac à dos et le carton à dessin sous le bras, nous marcherons pendant huit jours, de la réserve naturelle de Horsh Ehden jusqu’au village de Baskinta. Du nord vers le sud, au cœur des montagnes chrétiennes.

Vous êtes prêts ? C’est parti…