Le temps d’un rêve

Tu tournais sur toi même une fois de trop avant de trouver la bonne position pour te coucher.

Au bout de quelques minutes, tu te détendais enfin en t’étirant de tout ton long avant d’expirer dans un profond soupir.

Je m’endormais ensuite bercée par ta lourde respiration.

Cette nuit, je m’endors en laissant mes pensées s’échapper vers toi:

« Viens Choco, rejoins-moi et partons en ballade ensemble, le temps d’un rêve. »

Mais où sont passées les aiguilles ?

« Les allers et venues des trains se sont tues. Il y a bien longtemps qu’un voyageur n’a pas levé ses yeux vers mes aiguilles alors…. À quoi bon les garder ?

Pourquoi et pour qui devrais-je continuer à donner l’heure ?

Non, non… ici le temps s’est arrêté et mes aiguilles ne sont que le souvenir d’un temps perdu à jamais. Autant les oublier elles aussi.

Aujourd’hui, les visiteurs ont remplacé les voyageurs et au lieu de courir après le temps, ils viennent en perdre la notion en déambulant d’une sculpture à l’autre.

Non, non… mieux vaut-il les laisser dans cette bulle hors du temps et ne pas les déranger. Le tic-tac incessant des pendules de la vie les rattrapera bien assez tôt. »

Extrait d’une conversation entre Loedi et l’une des horloges du musée d’Orsay.