Passer le relais

Dans un monde qui n’est pas le notre, une tente se dresse au milieu d’une étrange forêt brumeuse. On ne sait pas trop si on est au fond de l’océan ou sur la terre ferme, comme si nos repères étaient brouillés.

A l’intérieur de la tente, deux voix brisent le silence, deux voix d’une même âme d’enfant.

La petite Loedi ne parvient pas à continuer seule ses aventures. A ses côtés, une Loedi qui a grandi, l’écoute patiemment et la console :

« – Il n’y aura pas de retour en arrière possible tu sais ? »

La petite acquiesce.

« – Je prendrai le relais, n’ai pas d’inquiétude »

Pour ces deux versions d’une même âme, c’est l’heure de se dire adieu.

Loedi s’en va retrouver Choco qui l’attend devant la tente. Dans un autre monde… Ensemble.

Le temps d’un rêve

Tu tournais sur toi même une fois de trop avant de trouver la bonne position pour te coucher.

Au bout de quelques minutes, tu te détendais enfin en t’étirant de tout ton long avant d’expirer dans un profond soupir.

Je m’endormais ensuite bercée par ta lourde respiration.

Cette nuit, je m’endors en laissant mes pensées s’échapper vers toi:

« Viens Choco, rejoins-moi et partons en ballade ensemble, le temps d’un rêve. »

LA rencontre

Un matin de janvier… après de longues semaines passées dans une cage suite à ton abandon, tu t’es retrouvé à la maison… TA maison.

Nous avons du apprendre à nous connaître, à nous comprendre et à nous faire confiance. J’ai mis de long mois pour te convaincre que tu serais en sécurité, aimé et protégé… jusqu’à ton dernier souffle.

Quelques randonnées plus tard, nous étions devenus inséparables.

J.R. Ackerley disait:

« Le chien n’a qu’un but dans la vie : offrir son cœur.”

Je t’ai donné un foyer et tu m’as offert ton cœur. Merci Choco !

 

Choco prend le métro parisien

A toi Choco, à toutes les fois où tu as pris le métro, ou tu t’es patiemment glissé sous un siège, ou tu as gentiment retiré ta patte quand le pied d’un usager manquait de l’écraser, où tu es resté debout alors que tu mourrais d’envie de t’allonger… à tous les escalators que tu as toujours refusé d’utiliser et à tous les escaliers que nous avons montés et descendus d’innombrables fois.

 

Graines

« – Regarde Choco ! Les visiteurs s’émerveillent devant les graines de nos prairies. Faut-il donc enfermer la nature dans un musée pour que l’homme prenne conscience de sa beauté ?

– Apparemment Loedi… « soupir ».

– Ce sont les mêmes qui passent tous les jours devant les parcs, les jardins, les bacs à fleurs et autres installations végétales sans même un regard. Et si moi je m’arrête pour admirer une fleur ou les nervures d’une feuille, ils me regardent de travers comme si j’étais anormale.

La nature, il faut savoir la regarder dans son état naturel. Même en ville, elle est omniprésente si on se donne la peine de prêter attention à son environnement.

– Mais Loedi, peut-être qu’ils ne savent plus voir et s’émerveiller simplement.

– Quelle tristesse ! L’exposition serait-elle alors comme un pont entre entre leur âme d’enfant perdue et la nature ? Un pont éphémère…

– Peut-être… « soupir ».

Un tympan perforé pour une vue imprenable

– Loedi pourquoi venir au Centre Pompidou puisque ni toi ni moi n’aimons vraiment l’art moderne ?

Choco ne reçu pour toute réponse qu’un  grand sourire puis Loedi s’élança dans les escalators. Un étage… deux puis trois… quatre… cinq…..six !

Arrivés au sixième, Loedi traversa l’étage sans s’attarder devant les nombreuses peintures et sculptures. Choco trottinait derrière elle et ensemble ils arrivèrent sur une immense terrasse.

Là, des hauts-parleurs étaient disposés le long de la rambarde et diffusaient … comment dire ? Du son ? Du bruit ? Certainement pas de la musique.

– Loedi que faisons-nous ici ? Cette installation sonore me crève les tympans !

– Je suis d’accord Choco mais je ne t’ai pas emmené ici pour ça. Fais abstraction du bruit et rapprochons-nous du bord…. Là tu vois ?

– Whaouuu la tour-Eiffel ! Et là-bas l’Arche de La Défense ! Et oh voilà Montmartre !

– Oui ! Et là en-bas c’est Saint-Eustache. Et si tu regardes de ce côté, tu verras aussi l’Hôtel de Ville et Notre-Dame.

– C’est magnifique Loedi !

– Allez viens Choco, retournons à l’intérieur maintenant.

– Attends attends…. Je voudrais continuer à en profiter encore un peu, c’est la plus belle vue de Paris que je connaisse !

– Hahahaha ! Tu vois Choco, tu as réussi à oublier le bruit !

PS: Et non… la vidéo n’a pas de son. Choco vous assure que c’est mieux ainsi !

Le cauchemar

Nous étions acculés de toute part:

D’immenses serpents aux crocs acérés grimpaient de plus en plus haut et semblaient de plus en plus nombreux.

Autour de nous, un océan de sang qui s’étendait à l’infini nous laissait démunis, sans l’ombre d’une échappatoire… sans l’ombre d’un espoir.

C’est alors que je les vis: d’immenses créatures squelettiques, tels des dinosaures d’antan qui s’élançaient vers nous ! Le bruit de leurs os qui s’entrechoquaient était effrayant et la taille de leurs mâchoires béantes me glaçait le sang.

Mes aboiements devinrent des hurlements à la mort puis des  glapissements, je nous voyais perdus et me reculais du bord, vaincu.

« Bats-toi Choco ! Bats-toi ! Allez ! Debout Choco ! Bats-toi ! »

Loedi hurlait tout en donnant des coups d’épée à n’en plus finir. Le moindre bout de    langue, de croc ou de chair… elle n’hésitait pas et sa lame tranchait.

L’animal blessé se reculait le temps pour elle d’en affronter un autre… mais il revenait inlassablement à l’attaque.

Je reprenais courage et me relevais. Nous ne gagnerons peut-être pas mais nous ne leur donnerons pas le plaisir d’une victoire facile, nous nous battrons jusqu’au bout, en héros !

Et qui sait… si les Dieux sont avec nous… nous gagnerons !

« Choco ! Choco… debout Choco ! »

J’ouvrais les yeux…

Les derniers touristes avaient quitté la salle, le musée allait bientôt fermer et Loedi venait de finir son dessin. Ce n’était qu’un cauchemar… un horrible cauchemar…

 

Le Dahus Rupicapta Vacca Montanus

Loedi se promenait dans la Grande Galerie de l’Evolution du Jardin des Plantes de Paris. Émerveillée par la diversité des espèces, elle ne s’aperçut de l’absence de Choco qu’au bout de plusieurs heures. Prise d’un mauvais pressentiment, elle partit à sa recherche en pressant le pas.

Arrivée près de l’entrée, elle se figea de stupeur devant une immense créature à l’apparence surprenante: Un animal à plumes et à poils, avec des cornes, des pattes arrière d’éléphant et une longue queue de ouistiti ! Effrayée, Loedi  escalada le squelette de baleine pour se placer hors de portée de ce curieux animal.

C’est alors qu’elle aperçut enfin Choco qui, hilare, se roulait par terre.

“- Oh la la Choco ! Mais qu’as tu fait ?

– Ha ha ha ! L’évolution à ma façon ! Tu as vu que le livre de Darwin sur l’évolution des espèces était exposé ? Et bien je l’ai lu et ma foi… j’ai décidé de m’en inspirer.

J’ai donc l’honneur de te présenter… le Dahus Rupicapta Vacca Montanus by Choco !